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Par Anonyme , le 19/06/2020 - 11:54

En préambule, la fédération de pêche 04 souhaite rappeler que la gestion halieutique des lacs d’altitude est nettement plus ancienne que l’existence du PNM et de la FDAAPPMA 04 elle-même. En effet cette gestion a largement été organisée et initiée par les services de l’Etat sous l’égide des préfets dès le 19ème siècle dans un objectif sanitaire : proposer des apports nécessaires en iode aux populations de montagne et aux bergers en particulier afin d’éviter les séquelles de l’hypothyroïdie (crétinisme alpin)

Ces alevinages ont été poursuivis jusque dans les années 40 toujours sous couvert et à la demande des services de l’Etat puis ont été repris conjointement par les collectivités piscicoles (fédérations de pêche et sociétés de pêche), le Conseil Supérieur de la Pêche et la DDAF avec une vision agraire de cette gestion (on sème … on récolte).

Cette vision a changé dans les années 90 puis 2000 sous l’impulsion des fédérations de pêche qui ont recruté des hydrobiologistes et sont devenues des organismes d’intérêt général avec une mission double : la protection des milieux aquatiques et la promotion du loisir pêche. Les Fédérations de pêche et l’Office Français pour la Biodiversité sont à ce jour, les seules structures ayant à la fois des missions régaliennes et les compétences nécessaires dédiées uniquement à la protection des milieux aquatiques.

A cet égard, à l’image des échanges limités avec les populations des différentes vallées du Mercantour, les Fédérations de pêche ont longtemps été mises de côté dans les choix des changements réglementaires effectués par le PNM quand elles n’étaient pas stigmatisées par les personnels du Parc.

Ce n’est que récemment (au début des années 2010), que le PNM a reconnu les compétences des structures associatives de la pêche de loisir en demandant de travailler conjointement sur la gestion piscicole en cœur de Parc.

Le PNM a effectivement présenté et proposé des changements de gestion aux collectivités piscicoles … tout en rappelant qu’il avait une feuille de route et des objectifs de « reconquête » des lacs d’altitude qui étaient déjà bien figés. De ce point de vue, il restait peu de marge de manœuvre et de discussion pour les fédérations de pêche. L’Etat confie des missions de protection des milieux aux fédérations de pêche que certains établissements publics souhaitent leur confisquer le plus possible.

Malgré tout, la fédération de pêche 04 a joué le jeu et a participé activement à concourir à certaines études en coportant au moins pendant un temps le porter à connaissance sur le lac du Lauzanier et en participant au projet « lacs sentinels » dans la 1ère moitié des années 2010.

Ce projet dont l’objectif initial était la reconquête des milieux, s’est transformé, faute de preuves à charge suffisantes, en projet de monitoring au long cours des lacs d’altitude de l’arc alpin en repoussant d’année en année les projets concrets de restauration sauf à dire qu’il fallait arrêter les alevinages. Les études montraient que la mise en avant d’un état initial était bien plus complexes que ce qu’il n’y paraissait, l’origine des perturbations anthropiques étant multifactorielle et le positionnement du curseur « temps » pour définir l’état initial, bien difficile à dater.

Ce projet qui devait être un projet de gestionnaire est devenu un projet de chercheur dans lequel notre fédération ne se retrouvait pas et a donc décidé de quitter le GIS « lacs sentinels ». La seule chose que l’on peut retenir de ce projet, c’est que chaque lac est différent et rentre difficilement dans des cases biotypologiques et que par ailleurs, la solution de restauration pour certains lacs peut également être la cause de dégradation pour d’autres lacs. A cet égard, les objectifs de réduction des lacs alevinés de manière globale et non au cas par cas, va à l’encontre de l’avis des scientifiques. Les objectifs restent les mêmes pour le PNM depuis sa création : retirer petit à petit des lacs d’altitude aux pêcheurs, inverser la part des lacs pêchés pour atteindre l’objectif de restauration des fonctionnalités sans connaitre, dans la plupart des cas l’état initial des lacs d’altitude.

Depuis le retrait de la Fédération du GIS « lacs sentinels », l’activité pêche est de nouveau pointée du doigt en la rendant coupable de l’état des lacs de montagne et en occultant largement le rôle d’autres activités comme le pastoralisme ou le tourisme de masse.

D’ailleurs, ce projet d’arrêté n’a pas été envoyé pour avis à la Fédération de pêche 04, alors que pour le reste du territoire, les textes précisent l’obligation réglementaire de consulter la Fédération en amont des enquêtes publiques quand cela touche les milieux aquatiques.

Ce projet d’arrêté précise d’emblée dans les considérants que « l’introduction régulière de poissons en vue d’une mise en valeur halieutique comme une activité ayant une influence négative sur le fonctionnement naturel des lacs de montagne » alors même que certains scientifiques évoque la possibilité que la concentration par les poissons, de la matière organique provenant du pastoralisme et du tourisme de masse, puis leur exportation par les pratiquants de la pêche de loisir peut être l’un des moyens pour limiter le phénomène de modification trophique rencontré sur certains lacs d’altitude.

Le projet d’arrêté rappelle dans le considérant suivant que « ce même objectif énonce que les décisions de gestion les concernant visent à restaurer un fonctionnement plus naturel. (…) Cette restauration s’attachera à rétablir les chaînes trophiques naturelles » alors même que l’état initial est souvent méconnu. Il s’agit là d’une position dogmatique alors même qu’il parait clair que le poisson peut être un facteur aggravant pour certains lacs et un facteur atténuant pour d’autres mais que dans les deux cas, il convient de fixer des objectifs individualisés à chaque lacs en lieu et place d’un objectif quantitatif global visant surtout à stigmatiser et à exfiltrer les pêcheurs du cœur de parc.

Enfin, il semblerait que les collectivités piscicoles des Alpes de Haute Provence n’aient pas été entendues sur leur projet de remplacement de la truite commune de souche atlantique dans la Serpentine, exutoire du lac d’Allos, par la truite commune de souche méditerranéenne du Verdon par translocation d’une partie de la population issue du bassin du Haut Verdon. A cet égard, l’article 3 du projet d’arrêté rend impossible cette opération pourtant demandée auprès du Parc.

En conclusion, la Fédération pour la Pêche et la Protection des Milieux Aquatiques des Alpes de Haute Provence rappelle qu’elle n’a pas été consultée à minima par écrit concernant ce projet d’arrêté, en amont de la consultation publique. La FDAAPPMA 04 souhaite une modification des deux premiers considérants et de l’article 3 du projet d’arrêté.