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La création du Parc national du Mercantour

Roger Settimo

 

 

L'argumentation que j'ai présentée pour la création du Parc national du Mercantour à M. Servat, le Directeur général de l’environnement et à M. Michel d’Ornano, le ministre de l’environnement, était la suivante : en ayant parcouru tous ces territoires, entre le Cap d’Antibes et le Cap Nord, en Norvège, qui est la pointe la plus septentrionale de l’Europe, j’ai parcouru 4500 km et rencontré tous les biomes européens. Vous partez de la zone méditerranéenne de la vigne, de l’olivier, vous avez le collinéen, le montagnard, le subalpin, l’alpin, la forêt de conifères, vous avez tout ça. Or, lorsque vous parcourez le Mercantour, vous avez tout ça sur 70 km ! Et ça, c’est un argument que M. Servat a tout de suite retenu. Puis après, je lui ai dit : cerise sur le gâteau, vous avez encore les gravures rupestres des Merveilles, qui remontent à la période du Bronze, 2000 ans avant J-C. Soit 30 000 gravures rupestres, qui sont uniques en Europe. Où d’autre allez-vous trouver tout ça…


Et j’ai conclu ainsi : si en France, à l’époque, nous n’avions les moyens que de faire un seul parc national, ça devait être le Parc du Mercantour, parce que nous avions tout cela et que c’était unique."

M. Servat a retenu tout ça et m’a dit : « Vous viendriez à Paris, le dire aux Ministres cette histoire ? » Quelques jours après, j’étais à Paris. M. Servat était là et m’a dit : « Vous avez ¼ d’heure avec d’Ornano, après il a des rendez-vous.» Michel d’Ornano m’a très bien reçu, très gentiment et, je vous l’ai dit, très rapidement. En ¼ d’heure tout ça, les histoires de biomes européens... C’était au mois de juillet 1979. Le 17 août ou le 19 août, c’est à dire un mois plus tard, Raymond Barre signait le décret de création du Parc national du Mercantour, qui traînait depuis 3-4 ans. A la suite de ça, j’ai quand même été remercié par le ministre même si je n’avais absolument aucun droit de faire partie du Parc : je n’étais pas fonctionnaire, je n’étais pas scientifique, je n’étais pas un élu local. Du coup, M. Michel d’Ornano m’a donné un titre honorifique, j’étais le Suppléant du directeur du parc. Et on m’a décoré de l’ordre national du mérite. Je suis chevalier de l’ordre national du mérite !

 

Recueil de témoignage par Noëlie Pansiot