Partager

Découverte d’une espèce de papillon de nuit nouvelle pour la science, au col de la Lombarde !

L'info nature

Les lépidoptéristes Jacques Nel et Thierry Varenne ont découvert une nouvelle espèce de Papillon de nuit, au cours de leurs prospections entomologiques au Col de la Lombarde (commune d’Isola) en juin 2017. Ils ont baptisé cette espèce Scrobipalpa mercantourica Varenne & Nel, 2018.

L’étude de ce micro-papillon a permis d’établir qu’il s’agit d’un mâle et, pour le moment, c’est le seul exemplaire connu de son espèce.

La faune de France compte environ 5200 espèces de papillons dont plus de 3600 sont des micros- papillons. S. mercantourica appartient à la famille des Gelechiidae qui compte plus de 4700 espèces décrites, dont environ 460 espèces en France, Corse comprise. Le nombre d’espèces françaises de cette seule famille est du même ordre de grandeur que le nombre d’espèces d’oiseaux de l’hexagone mais seule une poignée d’entomologistes s’y intéressent.

Les Gelechiidae se caractérisent par leur tête recouverte de grandes écailles, de longs palpes labiaux recourbés et redressés entre lesquels se trouve la trompe, et par des ailes postérieures assez larges, en forme de faux et terminées en pointe. Leur envergure varie, pour les espèces de France, entre 5 et 28 mm, mais le plus souvent entre 10 et 20 mm. Scrobipalpa mercantourica a donc une taille dans la moyenne, avec 12 mm. Leur coloration est très variable, mais il s’agit le plus souvent d’espèces grises, marron ou brunes. Ce sont de petits papillons très vifs, difficiles à apercevoir et qui n’hésitent pas à plonger dans la végétation pour se cacher ou à courir en se faufilant rapidement dans la litière.

L’exemplaire en photo, naturalisé pour son étude détaillée, n’a plus d’abdomen : il a été ôté pour l’étude des pièces génitales, étude qui permet de distinguer les espèces entre elles, chacune ayant une morphologie qui lui est propre.

Cette étude qui devra être complétée par des études ADN, par la découverte de la femelle et de la biologie permet d’émettre des hypothèses sur l’histoire du peuplement de la Flore et de la Faune du Mercantour depuis la fin de la dernière période glaciaire : en effet, on pense qu’à l’origine, il n’y avait qu’une seule espèce ; avec l’avancée de la calotte de glace, cette espèce se serait réfugiée plus au sud, par exemple dans la Péninsule Italienne ; il y a eu au moins deux refuges, un à l’est, l’autre à l’ouest, coupant les populations de l’espèce d’origine en deux, populations qui ont évolué en donnant deux espèces morphologiquement proches ; au retrait de la calotte glaciaire, ces deux espèces ont reconquis les montagnes, l’une dans les Alpes sud-occidentales, l’autre dans les Alpes orientales. Avec les études ADN, on se rend compte que ce cas de figure est de plus en plus fréquent, en séparent l’espèce occidentale de l’espèce orientale.

Avec ces montagnes proches de la mer, le Mercantour et les Alpes sud-occidentales plus généralement, constituent donc un « point chaud » de la biodiversité. L’étude de ces petits papillons permet d’apporter une petite contribution à la connaissance de l’histoire récente du peuplement de ces montagnes.

Scrobipalpa mercantourica n’a pas été trouvé dans le cœur du Parc National et sa découverte démontre bien que les zones périphériques abritent également des espèces qui méritent toute notre attention pour leur préservation.

fig.-22-800px.jpg
Scrobipalpa mercantourica