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La cueillette du génépi dans le Parc national du Mercantour : avec modération !

La cueillette des plantes, et en particulier du génépi, est historiquement interdite en cœur de Parc. Depuis 2013 cependant, la récolte de certains végétaux est possible dans un cadre réglementaire strict. Périodes de cueillette, quantités prélevables, secteurs de prélèvement, si les amateurs de liqueur ont aujourd'hui la possibilité d'agrémenter leur digestif de brins de génépi du Mercantour, c'est avec modération et respect des écosystèmes. Rappel du contexte en quelques mots…

Une cueillette historiquement interdite, pour la préservation des espèces

Depuis la création du parc national en 1979, la cueillette était strictement interdite dans la zone cœur, quelle que soit la plante et la période. Le prélèvement par les habitants locaux de certaines espèces dans des quantités limitées, destinées à la consommation dans un cadre familial, était toléré, sans être pour autant autorisé.

La réforme des parcs de 2006 a permis d’assouplir ce régime de protection, ce qui a été fait en 2013 dans le Parc national du Mercantour.

 

Une cueillette aujourd'hui possible, mais strictement encadrée

En effet, depuis 2013, la cueillette de certaines plantes et fruits est devenue possible, sans discrimination de l'origine des cueilleurs, mais dans des conditions strictes, nécessaires au respect des écosystèmes et à la pérennité de ces espèces sur le territoire. C'est ainsi que la cueillette de génépi, camomille du piémont, baies ou encore champignons est autorisée, dans des quantités strictement limitées et des périodes et secteurs précisément délimités :

  • Camomille du Piémont (Achillea erba-rotta) - Cueillette de 100 tiges maximum par personne et par an du 1er au 31 juillet côté Alpes-Maritimes. Cueillette strictement interdite côté Alpes-de-Haute-Provence,
  • Génépi, Artemisia glacialis (G. des glaciers), Artemisia umbelliformis (G. blanc) , Artemisia eriantha (G. à fleurs cotonneuses) - Cueillette de 80 brins maximum par personne et par an, uniquement du 1er au 31 août.
  • Baies (myrtilles, framboises, fraises des bois et mûres) - Récolte d'un volume équivalent à 1 litre maximum, uniquement du 1er août au 15 septembre. L'usage de peigne ou d’un autre outil de cueillette est interdit pour ne pas endommager la plante ou prélever des fruits encore verts.
  • Champignons - Prélèvement maximum d'un volume équivalent à 5 litres par personne et par saison de fructification, toutes espèces comestibles confondues.

Attention, la cueillette du Génépi noir dit « Génépi vrai » (Artemisia genepi) reste strictement interdite en raison de sa rareté.

 

Dans tous les cas, la récolte des plantes doit se faire avec un outil tranchant afin de ne pas abîmer ou arracher le pied, laisser quelques tiges fleuries pour ne pas mettre en cause la survie et la reproduction du plant. La cueillette doit par ailleurs être réalisée à plus de 250 m des routes ou pistes ouvertes à la circulation publique, pour éviter le pillage des ressources les plus accessibles.

 

Des restrictions nécessaires au maintien des espèces

Cette réglementation permet de contribuer au maintien de certaines traditions culinaires ou médicinales montagnardes, qui font partie de la culture locale.

Les restrictions des quantités prélevées permettent cependant de garantir un usage de consommation familiale, et évitent le pillage des ressources à des fins commerciales. Les autres restrictions (outillage, périodes..) doivent garantir parallèlement le respect des écosystèmes et favoriser le maintien et une répartition satisfaisante de ces plantes, dont certaines sont fortement patrimoniales, et nécessaires à la survie de la faune sauvage (les tétras-lyre sont par exemple friands de myrtilles).

On constate malheureusement que certains ne semblent toujours pas avoir compris l’importance de partager la ressource, de préserver son renouvellement et de respecter les règles de la cueillette.

Ainsi, les contrôles réalisés ces dernières années par les agents du Parc sur les sites à forte pression de cueillette montrent encore un très fort taux d’infractions, conduisant régulièrement à devoir faire des procédures pénales. L’année dernière, en 2017, un cueilleur avait même été interpellé en possession de 2600 brins de génépi. Une telle quantité lui aurait permis de préparer pas loin de 65 litres de liqueur de génépi, bien loin d'une consommation familiale et de l'esprit de la réglementation !  Ce type de comportement absolument inadmissible nuit à tous les cueilleurs et aux dispositions de souplesse prises par le Parc national pour autoriser une cueillette respectueuse des écosystèmes.

Le Parc national du Mercantour en appelle donc à la conscience citoyenne de tous les cueilleurs ; si la pression de prélèvement sur les génépis et la camomille se maintient à son niveau actuel, c’est toute la ressource qui va s’épuiser à très court terme.

De ce fait, un seul mot d'ordre : Respectez les règles de la cueillette et n’en abusez pas !

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Génépi jaune (Artemisia umbelliformis) © Parc national du Mercantour