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Disparition de Marcel Barbero

Le Parc national
C'est avec grande tristesse que nous avons appris le décès de M. Marcel Barbero le dimanche 3 mai 2020. Le Parc national rend hommage à cet éminent scientifique, ancien Directeur du Laboratoire de Botanique et d'Ecologie Méditerranéenne à la Faculté des Sciences et Techniques de Saint-Jérôme, Marseille.
En tant qu'autorité scientifique reconnue, il est membre du Conseil scientifique du Parc national depuis sa création jusqu'à ce jour. Il avait renouvelé récemment sa candidature. Il en a été aussi le représentant auprès du Conseil d'Administration 1981-1990

Expert scientifique et humaniste reconnu, très investi dans la vie publique, il avait été élevé au grade de chevalier de la Légion d'honneur.

Jeune étudiant, il avait choisi pour son travail de thèse les Alpes-Maritimes, sous la direction du professeur Pierre Quézel, écologue et biogéographe de renom. Marcel Barbero expliquait son attachement à la région par ses origines piémontaises. Dès lors il a parcouru la région, herborisant et cartographiant, identifiant les écosystèmes par des relevés phytoécologiques et s'interrogeant sur la complexité de la végétation, des patrons paysagers, ou encore de leur dynamique dans cette région qu'il affectionne. Il deviendra un des meilleurs spécialistes de la flore et des écosystèmes de haute montagne des Alpes et surtout des grands systèmes orophiles méditerranéens. Dès 1972, il a démontré que ces écosystèmes orophiles asylvatiques des massifs Nord méditerranéens des Alpes du Sud sont pour partie une conséquence des événements anthropiques survenus depuis l'age du cuivre.

Ses domaines de prédilection seront l'endémisme, la biologie, la conservation et de la dynamique. Nombre de travaux et publications ont suivi, plusieurs décrivant des groupements spécifiques dont ceux endémiques des Alpes maritimes et Ligures, particulièrement représentés sur le territoire du Parc national.

Précurseur et militant, il a contribué à la création du Parc, puis membre du conseil scientifique où ses avis et son engagement ont souvent été déterminants durant cette période initiale où tout était à mettre en œuvre.

Très rapidement il s'attacha à rassembler l'ensemble des cartographies qui pouvait après un important travail de synthèse et d'expertise (collégiale) déboucher sur une carte de la végétation du Parc national du Mercantour au 1/100 000. Celle-ci sera éditée en 1988 et décrit la répartition des séries dynamiques de végétation dans le contexte biogéographique des Alpes-Maritimes et de la Haute-Provence. La publication de la notice suivra : ecologia mediterranea, tome 29, fascicule 2, 2003, p.217-248

Ce document servira de référence pour de multiples études, dispositifs de gestion, ou encore de diagnostic pour l'élaboration de la charte du Parc national.

Parallèlement en tant que responsable de recherche, il encadrera un grand nombre de travaux (environ 100 publications) dans divers domaines dont une part significative est consacrée aux grands écosystèmes forestiers circum-méditerranéens (Liban, Syrie,Turquie, Iran, Grèce, Balkans, Italie, Espagne et Maghreb). Durant ces années, il encadrera plus de 50 thèses d'état, dont deux concernant le Parc national :

- Etat phytosanitaire des cembraies du Mercantour et du Queyras en liaison avec la pollution atmosphérique et les facteurs écologiques / Laurence Dalstein-Richier ; sous la dir. de Marcel Barbero / [S.l.] : [s.n.] , 1997.

- Structuration et évolution des mélèzeins des Alpes-Maritimes à partir de méthodes diachroniques comparatives : régénération et dynamique spatiale / Jean-Marie Solichon ; sous la direction de Marcel Barbero / [S.l.] : [s.n.] , 1993

Expert reconnu, il agira beaucoup pour l'environnement dans le cadre de la région PACA, il sera de 1982/2002 : Président du Conseil Scientifique du Patrimoine Naturel Régional. Il conseillera pour l'élaboration des ZNIEFF des départements de la région, pour la préfiguration de zonage des sites Natura 2000 et pour l'élaboration des documents d'objectifs et d'application.

Ainsi ses immenses connaissances étaient mises à disposition de tous, avec une infinie bienveillance, et une motivation intacte après tant d'années de combats. Nous lui sommes tellement reconnaissants; avec lui une part importante de la mémoire disparaît, sa personnalité attachante, sa parole forte ne seront plus là désormais pour nous conseiller.

Les lieux qu'il aimait tant, le Mercantour, son versant Piémontais, et son massif de cœur du Marguareis nous rappellerons toujours cet homme aux qualités humaines et scientifiques exceptionnelles.

 

Retrouvez l’intervention de Marcel Barbero lors du colloque « 40 ans de recherches en Mercantour » en octobre 2019 :