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Comprendre pourquoi les chiens sont interdits en cœur de Parc, même tenus en laisse

Vous êtes nombreux à vous interroger sur l'interdiction des chiens même tenus en laisse, en zone cœur du Parc national du Mercantour.

Contrairement à ce que certains pensent, cette interdiction de la présence de nos amis à 4 pattes a toujours existé, depuis la création du Parc en 1979, à quelques exceptions près (chiens de conduite et de protection des troupeaux ou assistant les personnes en situation de handicap).

Cette interdiction est d'ailleurs commune à tous les parcs nationaux en France et n'est en aucun cas spécifique au Parc national du Mercantour : elle figure dans les décrets ministériels et s'applique à tous les visiteurs et même aux résidents habitant dans la zone protégée.

Si cette interdiction peut paraître excessive à certains de nos visiteurs, elle est fondée sur des faits tangibles, que le comportement irréprochable de quelques chiens très bien élevés ne permet malheureusement pas de compenser.

De manière générale, les visiteurs fréquentent la montagne en quête d'évasion, de déconnexion du milieu urbain et de défis physiques. Pour leur animal de compagnie, c'est la même chose et tenir son chien en laisse au cours d'une randonnée n'est pas un réflexe pour beaucoup d'entre eux, avec au contraire une tentation très grande de le libérer à la première occasion !

Or un chien, quelle que soit sa race et sa taille, conserve toujours des réflexes de prédateur, au moins par jeu. Il est susceptible de courir après des animaux sauvages et de les poursuivre en aboyant, même sans intention de mordre. Son maître n’est d'ailleurs pas toujours en capacité de le rappeler à l’ordre, voire même n’en a pas forcément la volonté. Lorsqu’ils pourchassent ainsi des animaux sauvages, les chiens les forcent à interrompre leur activité (alimentation, ruminage, repos...) et peuvent provoquer chez ces derniers un stress intense. Dans certains cas, cela peut conduire à des dérochements d'ongulés sauvages catastrophiques. Dans d'autres, les femelles gestantes peuvent aussi avorter suite au stress de la poursuite ou, dans le cas des oiseaux, abandonner leur couvée au sol, exposant les œufs aux prédateurs. Les marmottes, les lièvres ou les lapins se font aussi pourchasser jusque dans leur terriers où parfois, un coup de croc ou de patte joueur les blessent mortellement.

La présence de chiens "visiteurs" est également susceptible de générer des conflits avec les troupeaux domestiques, les bergers et leurs chiens. Un chien qui court ou qui aboie peut mettre en mouvement un troupeau et lui faire courir des risques de dispersion ou de dérochement ; les chiens de protection ou de conduite peuvent réagir de manière violente à l’intrusion d’un autre canidé sur leur territoire, le prendre en chasse ou l'attaquer et le blesser.

Enfin, il faut savoir qu'un chien peut être porteur de parasites et vecteur de maladies pour la faune sauvage. C'est le cas de la maladie du tournis chez les ruminants (moutons, chèvres, chamois, bouquetins...), provoquée par des vers intestinaux hébergés par les chiens (les cœnures). Dépourvu de parasites, le chien peut également introduire dans la nature des substances chimiques à "effets longue durée". Il en est ainsi des vermifuges vétérinaires qui sont longtemps présents dans les déjections des chiens et qui impactent lourdement les insectes (notamment les décomposeurs appelés "coprophages"): mortalité directe et massive, stérilité des femelles, malformation des larves etc. Ces impacts peuvent mettre à mal des populations entières d'insectes, ce qui impacte ensuite potentiellement toute la chaîne alimentaire.

Si l'impact individuel d'un seul chien serait acceptable, c'est l'effet cumulé qu'auraient les chiens de très nombreux visiteurs du Parc qui apparaît clairement incompatible avec la vocation d'un coeur de Parc national.

C'est pour toutes ces raisons et indépendamment de l'affection que l'on peut leur porter, que les chiens ne sont pas les bienvenus dans le coeur du Parc national, sauf à être absolument nécessaires à une activité économique traditionnelle ou à la sécurité des personnes. Les cœurs des parcs nationaux ne représentent que 0,45% du territoire français (hors département d'outre-mer) ...en dehors de ces zones, nos compagnons à quatre pattes disposent de bien d'autres vastes espaces pour se défouler et de milliers de kilomètres de sentiers pour nous suivre en balade.

En espérant vous avoir convaincus !

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Chiens de berger en Ubaye © R.Charmetant/PNM