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Josiane Borgogno

Vallée de la Tinée

Maire de Saint-Sauveur-sur-Tinée & conseillère métropolitaine

« Le travail de maire, c’est ça : aller partout, être comme tout le monde mais essayer de résoudre les problèmes de tout le monde. Voilà, c’est compliqué ! »

Josiane Borgogno

Portrait par Eric Lenglemetz
Recueil de témoignage par Noëlie Pansiot

 

 

Un engagement au service du territoire

Il m’importait d'agir pour ma commune, parce que j'y ai mes racines. 

J’avais envie de contribuer à développer le village. Il y avait des choses laissées un peu à l’abandon donc j’ai voulu remoderniser tout ça. Agir pour que la commune ne s’endorme pas trop. On le sait, les territoires ruraux ont tendance à se désertifier avec l’attrait des villes et du travail. Du travail, ici, il n’y en a pas beaucoup et du coup, (…) en revalorisant le patrimoine, on a déjà donné un petit élan. Ensuite, on a fait des choses au niveau animations, pour les jeunes et les moins jeunes. Il y a aussi des associations que nous aidons beaucoup, pour créer un peu cette osmose. Après ce n’est pas toujours facile (…) parce qu’on est contraint par les budgets. Je dis toujours que Saint-Sauveur est une commune qui est idéalement placée, en termes géographique, mais qu’elle n’a pas cet attrait touristique qu’ont les stations et le littoral.

Ce que je voulais et je ne sais pas si j’y suis arrivée, c’est qu’on ne trouve plus Saint-Sauveur comme cette avenue qui traverse le village. Je veux qu’on découvre Saint-Sauveur, il y a de très belles choses à voir en haut et en bas.

On a une rivière formidable, on a un village qui reste très rural avec de belles petites ruelles pavées, des pertuisets. J’avais envie de faire connaître tout cela, pas aux gens du village qui le savent déjà mais aux autres (…) Malgré les difficultés, je suis toujours allée au bout des choses. C’est un peu un trait de mon caractère. C’est comme ça. Ce n’est pas toujours facile mais je n’abandonne jamais. 

A l’origine, Saint-Sauveur était un village très important, le bourg administratif. Ca n’a jamais été un village touristique, mais plutôt un village où les gens vivaient. A une époque, (…) il y avait énormément de cafés et ils étaient pleins. Petit à petit, le travail a manqué et les gens sont partis à la ville. Comme dans beaucoup de villages, la population a baissé. Cela reste un village où tout le monde se connaît, où chacun s’entraide quand il y a besoin. Si le volet d’une personne âgée n’est pas ouvert, on se demande qu’est-ce qui se passe ? Pourquoi ? Alors on attend un petit peu et puis après, on va taper. On est solidaire les uns avec les autres et ça, c’est typique au village. 

 

Maire : couteau suisse !

En fait, le travail de maire dans un village, c’est tout faire ! C’est faire les projets, les dossiers , c’est s’occuper des problèmes de voisinage (…) C’est partager aussi les joies et en même temps, quand il y a des problèmes, aider. 

Je sais que beaucoup viennent me voir parce qu’ils sont dans l’embarras, ils ont un problème d’appartement, un problème de travail. Je les aide du mieux que je peux (…) 

Le travail de maire, c’est ça : aller partout, être comme tout le monde mais essayer de résoudre les problèmes de tout le monde (rire). Voilà, c’est compliqué !

 (…) Je dis toujours que c’est passionnant, ça me plaît énormément, mais c’est usant parce qu’il y a tout le reste : les normes, les contraintes budgétaires, tout ce qu’on nous demande en plus et puis il y a de plus en plus de choses à faire et on a pas les services pour. Ici, j’ai deux secrétaires qui sont extraordinaires mais c'est difficile car une petite commune a exactement les mêmes difficultés qu’une grosse ville. Sauf qu’en ville, tous les services compétents existent. Nous, on ne les a pas, on a pas les moyens.

Alors oui, on est débrouillard et on essaie de trouver la solution. On essaye et puis de fil en aiguilles on se fait un réseau, on trouve plein de petites astuces. On est obligé de toute façon. Parce que sans cette volonté, on n’y arrive pas.