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Gilles Gravier

Vallée du Haut-Verdon

Chargé du tourisme à la Mairie et au bureau de l'Office du tourisme de Colmars-les-Alpes

« Je suis un produit du pays pur sucre »

Gilles Gravier

Portrait par Eric Lenglemetz
Recueil de témoignage par Noëlie Pansiot

 

 

L’enfant du pays

 

J’habite dans la vallée depuis que j’y suis né ou presque, puisque la maternité la plus proche est à Digne. Mes parents ont pu s’offrir le voyage pour me mettre au monde et j’y suis revenu quasi instantanément. Depuis, je vis dans cette vallée sans en être jamais vraiment parti.

Je suis un produit du pays pur sucre. Nous sommes quelques-uns encore. Mon père est né à la Foux d’Allos, station de ski depuis 1937. Ma mère est née au village d’Allos, 7km plus en aval. Mon père était moniteur de ski, ma mère commerçante et puis moi, je suis resté au pays, parce que j’ai eu la chance d’y rester. Ca, je tiens à le souligner.

Je crois que c’est viscéral, dès lors qu’on est né à un endroit, qu’on y a ses racines, même s’il m’est arrivé d’en partir ponctuellement. C’est la passion du territoire, de cet environnement naturel, de cette richesse humaine que nous avons dans la haute vallée du Verdon. On a du mal à raisonner en communes dans une vallée comme la nôtre, il y a tellement de proximité d’un village à un autre, qu’on est vraiment sous la bannière Haut-Verdon. J’ai un véritable attachement à cette vallée et pour tout ce qui s’y déroule.

La vallée, je la pratique sous plein de formes. Déjà d’un point de vue sportif parce que je suis fils de moniteur de ski, donc autant dire que j’ai mis les skis sitôt que j’ai su marcher. Du coup, je suis skieur, je suis randonneur, je fais du VTT. Dans le passé, il m’est même arrivé de faire de la moto de trial. Je vais également à la chasse et je le revendique. Et ce n’est absolument pas antinomique avec le cadre dans lequel nous vivons dès lors que nous sommes respectueux.

 

Colmars-les-Alpes, haut-lieu culturel

Colmars, c’est un haut lieu patrimonial et culturel. C’est une place forte qui était autrefois frontière entre le Duché de Savoie et la Provence, ce qui explique la présence de deux forts. En amont, le fort de Savoie et en aval, le fort de France.

Et comme vous avez pu le remarquer, il y a très peu de villages dans le parc qui bénéficient d’un patrimoine aussi diversifié et si riche en histoire. On ne soupçonne pas toujours lorsqu’on passe à Colmars les richesses intérieures que l’on trouve intra muros. Je pense en particulier à la maison musée ou au chemin de ronde, au sein desquels il y a plus de 1000 mètres carrés d’exposition, avec une véritable richesse qui a été constituée par les hommes et dames qui habitent ici.

Ils se sont retroussés les manches pour aller fouiller dans leurs greniers, dans leurs affaires, dans leurs archives, pour proposer aux visiteurs leur histoire, leur véritable histoire.

Parmi les pépites du musée, je vais vous amuser, parce que c’est très peu courant à pareil altitude, à 1200 mètres, il nous reste quelques bouteilles de vin. Une en particulier provient d’un ancien vignoble qui était ici à flanc de montagne, donc Colmars-les-Alpes a aussi produit du vin à une époque ! (…) Après il y a tout le reste, tout ce que les hommes ont fait, la trace de leur passage, tant au niveau des guerres, de l’agriculture, des vieux métiers. Tout ce qu’on peut imaginer et qui est en lien avec la vie en montagne, au niveau des métiers du bois, de la fenaison... C’est vraiment un endroit à découvrir absolument !

 

Les temps qui changent

Comme beaucoup de personnes en milieu rural, mes grands-parents travaillaient la terre et pratiquaient une agriculture de subsistance. Ils ont vraiment connu la transition depuis l’agriculture de subsistance, sans eau courante, sans d’électricité. Tout ça, mes grands-parents me le racontaient, ils ont vécu une véritable révolution puisqu’aujourd’hui, nous sommes à moins de deux heures de la Côte d’Azur, les accès se sont améliorés, il y a le train des Pignes (…) Et ça s’est fait en quelques années, bien entendu. Et la révolution continue, elle s’accélère. On a quand même une véritable chance de vivre ici même si la qualité de vie que nous avons, on la paie quelque part, de par l’éloignement.