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Bouquetin des Alpes

Un mâle de bouquetin des Alpes (Capra ibex) dans la neige au mois de janvier
Un mâle de bouquetin des Alpes (Capra ibex) dans la neige au mois de janvier, par Robert Valarcher/PNM

Nom scientifique : Capra ibex

 

Identification

Le bouquetin des Alpes est un animal trapu, campé sur des pattes robustes munies de sabots incroyablement adhérents à la roche. Son pelage est variable en épaisseur et couleur selon les saisons, devenant plus clair et plus court en été. Ses cornes légendaires, que l’on distingue souvent en crête, lui donnent une silhouette caractéristique. De taille modeste chez la femelle, elles peuvent atteindre 1 mètre chez les plus gros mâles. Elles poussent tout au long de la vie de l’animal et leur croissance annuelle est le parfait reflet de la vie de l’animal : conditions météorologiques, disponibilité de la ressource alimentaire, maladies... Ces attributs assurent la suprématie sexuelle chez les mâles qui s’affrontent en de spectaculaires et sonores combats lors de la période de rut. Un net dimorphisme sexuel est présent chez cette espèce, les mâles mesurant 90 cm au garrot pour 70-100 kg, contre 70 cm et 35-50 kg pour les femelles.

Habitat

Le rocher est l’habitat principal du bouquetin, qui affectionne les milieux escarpés aux falaises et vires nombreuses, plutôt orientés au sud et rapidement déneigés à proximité de pelouses. Il s’adapte très bien à des altitudes et des climats très différents. Il préfère les milieux ouverts et fréquente peu la forêt. Dans le Mercantour, on le trouve à ce jour presque uniquement dans les massifs rocheux de haute montagne.

Comportement

Le bouquetin est une espèce très peu farouche qui s’approche facilement. Sûr de leur force, les adultes en bonne santé ne connaissent pas de prédateurs naturels. Jamais trop éloignés du rocher, en cas de danger, ils se mettent à l’abri en quelques instants. Il s’agit d’une espèce grégaire formant des groupes bien distincts : d’un côté les femelles et jeunes mâles, de l’autre les mâles plus âgés. Ils ne se mélangent qu’au moment du rut, qui se déroule de fin novembre à la mi-janvier. C’est une espèce qui se caractérise par ses capacités d’autorégulation : les femelles mettent bas pour la première fois à un âge plus avancé et font moins de petits lorsque la densité devient importante. L’essentiel des naissances a lieu au mois de juin. Les femelles s’isolent pour mettre bas, puis lorsque leur cabri a quelques semaines, elles se regroupent en harde avec d’autres mères et tous les cabris sont regroupés en nurseries.

Régime alimentaire

En hiver, le bouquetin recherche les crêtes ventées et les zones où la neige disparaît facilement. Lorsque le manteau neigeux est trop important, on peut l’observer creuser la neige pour accéder à la végétation. Durant cette saison difficile, son alimentation est pauvre et il perd beaucoup de poids. Au printemps, les animaux gagnent le bas des vallées pour profiter de la première pousse d’herbe verte de l’année, c’est le moment de reconstituer ses forces ! En été, attirés par la fraîcheur et la qualité de la végétation près des crêtes, ils remontent en altitude parfois au-delà de 3 000 mètres.

Préservation

Au début du XIXème siècle, le bouquetin avait complètement disparu des Alpes du sud et a failli disparaître tout court. La population mondiale était alors limitée à une centaine d’individus répartis entre le Grand Paradis en Italie et la Vanoise en France. La protection de l’espèce dans ces zones et de nombreuses campagnes de réintroduction lui ont permis de recoloniser une partie de son aire de répartition initiale. Aujourd’hui, la population mondiale est estimée à 50 000 individus, l’espèce n’est donc plus en danger. Dans le Parc, on estime la population à 1 800 individus en 2021, contre 30 en 1979.

Le programme de réintroduction du bouquetin des Alpes dans le Parc national du Mercantour poursuivait plus particulièrement les objectifs suivants :

- organiser le retour du bouquetin des Alpes dans l’ensemble des biotopes favorables
- accroître les possibilités d’échanges entre les sous-populations existantes pour assurer la pérennité de l’espèce grâce à sa diversité génétique
- tenir compte du rôle de l’espèce dans la chaîne alimentaire (aigle royal, vautours, ...)
- valoriser l’espace montagnard en enrichissant son patrimoine naturel
- développer une richesse touristique attractive

Les individus réintroduits en 1987 et 1995 ont spontanément colonisé le massif de l’Estrop entre autres. La parfaite adaptation des animaux a conduit à un lâcher complémentaire : des femelles ont été réintroduites aux printemps 2005 et 2006 pour assurer le développement de la colonie à long terme. L’opération est couronnée d’un franc succès. Toutefois, compte tenu de l’histoire des différentes populations réintroduites à partir d’un faible nombre d’individus, le bouquetin des Alpes n’est pas à l’abri de menaces génétiques et sanitaires.

En ce sens, les différents espaces protégés de part et d’autre de la frontière franco-italienne ont collaboré pour mieux connaître et mieux protéger cette espèce dans le cadre d’un programme européen Alcotra « LEMED IBEX ».

Une translocation emblématique de bouquetins du Parc national de la Vanoise vers le Mercantour a eu lieu en 2021. Pour en savoir plus sur cette opération, cliquez-ici

 

Ibex in the mountain : suivi transalpin du bouquetin

 

En France et en Italie l’espèce est strictement protégée. 

Pour connaitre le statut actuel de l'espèce, cliquez-ici.

 

Comment l'observer ?

Contrairement à d’autres espèces sauvages, les bouquetins ne sont pas très farouches lorsqu’ils ne sont pas menacés. Malgré leur apparente quiétude, ils peuvent cependant être inquiétés par la présence de randonneurs proches d'eux. Observez-les à distance, avec des jumelles, restez sur le sentier et vous ferez de belles observations sereines… pour le bouquetin.