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Accompagnement des éleveurs face à la prédation

Le loup, revenu naturellement d’Italie en 1992, est un prédateur opportuniste qui s’attaque aussi bien à la faune sauvage qu’aux troupeaux domestiques. Les ovins, compte tenu de leur présence importante sur le territoire et de leur forte vulnérabilité, représentent une part importante des proies du loup. Cette prédation engendre des difficultés tant de gestion que financières et psychologiques pour les éleveurs. Le Parc est donc à leurs côtés afin de les accompagner au mieux pour faire face à des situations souvent difficiles.
Troupeau de moutons en Tinée
Troupeau de moutons en Tinée, par F.Breton/PNM

 

Réalisation des constats de dommage

C’est dans les départements méditerranéens des Alpes du sud que la prédation du loup sur les troupeaux est la plus importante en France : Alpes-Maritimes, Alpes-de-Haute-Provence et Var cumulent plus de la moitié des pertes constatées au niveau national. La vulnérabilité de ces territoires s’explique en partie par leur configuration paysagère : parcours et pâturages accidentés aux reliefs marqués, pâturages en sous-bois ou dans des zones de landes. Par ailleurs, le climat permet à certains éleveurs de conduire leurs troupeaux à l’extérieur presque toute l’année.

Sur le territoire du Parc national du Mercantour, en 2017, 554 attaques ont été constatées avec un total de 1 643 victimes (animaux tués ou blessés). Ce nombre d’attaques élevé est relativement stable depuis plusieurs années, oscillant entre 450 et 550 attaques. Lorsqu’un éleveur subit une attaque de loup, il contacte les services de l’État et un agent habilité vient sur place pour relever un certain nombre d’indices permettant ou non d’exclure la responsabilité du loup. Un constat est ensuite rempli, puis si la responsabilité du loup n’est pas exclue, l’éleveur est indemnisé. Le Parc national du Mercantour assure la réalisation des ces constats de dommage sur son territoire : coeur et aire optimale d’adhésion.

 

Troupeau de moutons dans un parc
Troupeau de moutons dans un parc, par F.Breton/PNM

 

Mesures d'accompagnement et de protection

Malgré l’indemnisation des animaux tués par le loup, l’impact psychologique de ces attaques et le stress constant occasionné rendent la vie en alpage difficile. Afin de protéger au mieux les troupeaux contre les loups, un dispositif d’aide à la mise en place de mesures de protection est proposé aux éleveurs par les services de l’État. Ce dispositif est basé sur ce que l’on nomme « le triptyque des moyens de protection » qui combine l’utilisation de chiens de protection, le regroupement des bêtes en parcs de nuit électrifiés et une présence humaine permanente. Ces mesures limitent réellement les attaques et permettent surtout de faire baisser le nombre de victimes par attaque. Toutefois, elles ne permettent pas d’éviter l'ensemble des dommages, qui restent toujours difficiles à accepter pour les éleveurs. Ces mesures sont financées à 80 % par l’État et à 100 % pour les zones situées dans des espaces protégés (coeur de Parcs nationaux, Réserves nationales…).

 

 Chiens de protection (patou) avec troupeau d'ovins et de caprins
Chiens de protection (patou) avec troupeau d'ovins et de caprins (P.Pierini/PNM)

 

Si, malgré les mesures de protection, les attaques restent trop importantes, des autorisations de tir de loup peuvent être délivrées. On distingue : le tir de défense, le tir de défense renforcée et le tir de prélèvement.

Le tir de défense permet à l’éleveur de défendre son troupeau en cas d’attaque directe du loup.

Le tir de défense renforcée est une opération programmée aux abords d’un troupeau ayant subi de nombreuses attaques. Différents tireurs se postent autour du troupeau pour défendre celui-ci en cas d’attaque à venir.

Enfin, les tirs de prélèvements permettent d’éliminer un ou plusieurs loups lors d’opérations de chasse sur des communes où plusieurs attaques ont été constatées.

Ces opérations sont interdites dans les coeurs de parcs nationaux où toutes les espèces sont protégées et où l’introduction d’armes à feu est interdite.

 

Plan national d'actions sur le loup et les activités d'élevage

Depuis 2004, l’ensemble des actions qui fondent la politique de l’Etat en la matière est consigné au sein de plans nationaux d’actions établis pour une période de cinq ans. Un plan d'actions vient d'être validé pour la période 2018-2023, il constitue le quatrième plan national d’actions sur le sujet. Il résulte d’un travail entamé en 2016 avec le lancement d’une démarche prospective loup à l’horizon 2025-2030.

Pour en savoir plus :